3100 à 30 avant JC Un don du Nil

Publié le par Titi

 

L'Égypte des pharaons a prospéré pendant près de 3 millénaires. Aucun autre État ni aucune autre civilisation ne peut en dire autant...

Elle doit en bonne partie sa longévité et sa grandeur à son environnement géographique : une vallée fertile isolée par le désert.

«L'Égypte est un don du Nil»

Vers 6500 avant JC, le Sahara précédemment fertile se transforme en désert. Ses habitants cherchent leur survie en se regroupant sur les bords du Nil.

Né au sud, dans les montagnes d'Éthiopie, le fleuve coule vers la Méditerranée, au nord, en traversant le désert sur plus de mille kilomètres.

Tous les ans, en septembre, gonflé par la fonte des neiges d'Éthiopie, il sort de son lit et inonde sa vallée. En se retirant, au mois de décembre, il laisse dans la vallée un limon très fertile. Il s'agit de la terre arrachée aux hauts plateaux d'Éthiopie.

Les paysans de la vallée arrivent très vite à tirer le meilleur parti des crues du fleuve. Grâce au limon, ils obtiennent en un temps record d'abondantes récoltes de céréales. Ces résultats sont rendus possibles grâce à une mise en commun des efforts de tous et à des règles strictes pour le partage des terres et l'entretien des canaux d'irrigation et de drainage.

Le roi du pays devient le garant de l'ordre social indispensable à la gestion des crues. Il est assisté par de nombreux fonctionnaires et des scribes (*) sélectionnés pour leur maîtrise de l'écriture. La redéfinition des champs après chaque crue donne l'occasion de développer la géométrie et les techniques d'arpentage.

Scribes et fonctionnaires lèvent l'impôt en blé (tombe de Menna, Thèbes, 1300 avant JC) Comme les hommes de cette lointaine époque ignorent la monnaie, c'est en nature (blé, bétail,...) que les fonctionnaires collectent les impôts auprès des paysans pour développer les infrastructures.

Pendant la crue du fleuve, quand il est impossible de travailler dans la vallée, les paysans se mettent au service de l'administration royale et construisent des canaux d'irrigation, des digues mais aussi des temples, des palais et des tombeaux.

Ainsi naît le premier État de l'Histoire. Le voyageur grec Hérodote, découvrant le royaume des pharaons sur son déclin, a pu écrire avec justesse : «L'Égypte est un don du Nil».

L'Égypte des pharaons (droits réservés : Alain Houot)

Une exceptionnelle stabilité

La vallée du Nil est unifiée sous l'autorité d'un roi unique, le pharaon, vers l'an 3.100 avant Jésus-Christ.

On estime qu'elle est alors peuplée d'environ 1,5 à 5 millions d'habitants, ce qui est beaucoup au regard des techniques disponibles (aujourd'hui, le pays compte environ 70 millions d'habitants).

Protégée par son isolement, entre le désert et la mer, l'Égypte des pharaons perdure comme État indépendant pendant 25 siècles, en cultivant peu ou prou les mêmes coutumes, les mêmes croyances et la même langue. Aucun autre État n'a encore réussi semblable performance !

danseuses (fresques deThèbes))

La fertilité de la vallée du Nil assure à l'Égypte une relative prospérité, du moins pendant les périodes de stabilité politique.

Dans le delta du Nil, encore en grande partie sauvage, les Égyptiens pratiquent la chasse et la pêche. Ils récoltent aussi le papyrus, un roseau avec les fibres duquel ils fabriquent des feuilles souples qui leur servent de support d'écriture. C'est l'ancêtre du papier (le mot papier vient d'ailleurs de papyrus).

La prospérité générale profite à la minorité privilégiée (fonctionnaires, clergé, entourage du pharaon). Elle conduit aussi au développement d'une civilisation aimable dont les fresques des tombeaux royaux ne nous donnent qu'une imparfaite image. Excellents jardiniers et observateurs de la Nature, les Égyptiens sont à l'origine de notre calendrier solaire. Ils développent aussi une médecine et une chirurgie remarquables. Leurs praticiens se montrent habiles dans la trépanation du cerveau comme dans les opérations de l'oeil.

La paysannerie est essentiellement composée de paysans libres. L'esclavage, au moins dans les premiers temps, semble limité aux exploitations minières du Sinaï où travaillent des captifs de guerre. Cette situation sociale va toutefois se dégrader au cours du dernier millénaire avant JC, du fait des troubles et de l'influence des Grecs, moins regardants sur l'esclavage.

Les femmes elles-mêmes semblent bénéficier d'un statut honorable dans la société pharaonique. Ainsi sont-elles généralement représentées au côté de leur époux (haut fonctionnaire ou pharaon), à la même taille que celui-ci.

La religion, ciment social

Le ciment de l'Égypte ancienne est la religion. Hérodote l'a bien compris en présentant les Égyptiens comme «les plus religieux de tous les hommes».

A l'origine, chaque cité avait ses propres divinités, souvent des dieux à corps humain et tête d'animal.

Avec l'émergence d'un État centralisé, ces divinités sont réunies dans une cosmogonie commune. Tous les habitants partagent la même vision de la création du monde, avec une place privilégiée pour Rê (plus tard appelé Amon).

C'est le dieu-Soleil, qui dispense la vie sur la Terre. Sa domination sur les autres dieux du panthéon égyptien fait dire à certains historiens que la religion des pharaons était somme toute plus proche du monothéisme que du polythéisme (*).

Le mythe d'Osiris

Le mythe d'Osiris est au coeur de la religion pharaonique. Ce récit forgé dans les temps les plus anciens nous a été rapporté par un écrivain grec, Plutarque.

Il raconte que le pharaon Osiris avait enseigné aux Égyptiens l'agriculture, le droit et l'architecture. Jaloux, son frère Seth l'avait enfermé dans un sarcophage et jeté dans le Nil. Isis, épouse - et soeur - d'Osiris, retrouve le sarcophage et le cache dans les marais.

Mais Seth découpe le cadavre de sa victime en 14 morceaux pour éviter qu'elle ne ressuscite. Isis, sans se décourager, retrouve les morceaux et les entoure de bandelettes avec l'aide du dieu-chacal Anubis.

Rendu à la vie, Osiris gagne le monde des morts dont il devient dès lors le roi, cependant que son fils Horus chasse Seth du pouvoir et ceint la double couronne d'Égypte.

Depuis lors, les morts, au terme d'un long voyage et sous réserve qu'ils aient été momifiés, passent devant le tribunal d'Osiris et ce dernier accorde la vie éternelle aux plus méritants.

Un défunt devant Osiris (Le Livre des Morts, 1400 avant JC, British Museum)

Les rites religieux égyptiens sont organisés par un clergé nombreux et puissant auquel les offrandes des fidèles assurent richesse et influence.

Les prêtres gèrent les temples somptueux et les sanctuaires où sont abritées les statues des divinités. Ils président aussi aux cérémonies funéraires et à l'embaumement des défunts.

Sous l'Ancien Empire, les Égyptiens tendent à penser que seuls les pharaons et leur entourage méritent d'être momifiés et d'accéder à la vie éternelle. D'où les énormes tombeaux en pierre que se font construire les premiers pharaons dans l'espoir que leur cadavre y soit conservé à l'abri des pillages et de la putréfaction. Au fil des siècles, les Égyptiens accèdent à l'idée plus réconfortante que la résurrection est accessible à tout un chacun.

Publié dans L'Egypte

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